« RICERCAR, un cabaret nomade »

Une nouvelle création

Prochaine résidence, mars 2024, Le Comptoir – Halle Roublot, Fontenay-sous-bois. Sortie de résidence pour les professionnels, jeudi 14 mars 2024, 18h00. Concert, Samedi 18 mai, 19h30

« RICERCAR, un cabaret nomade » est un concert élaboré autour de l’œuvre de J.S. Bach, « Une offrande musicale », BWV 1079. Il est imaginé en forme de cabaret dont les tableaux sont conçus pour favoriser le dialogue entre les esthétiques musicales : musique baroque et créations contemporaines, chants tziganes et chants des peuples San du désert du Kalahari. Exploration des territoires, aventure humaine ou quête existentielle ? La Compagnie du Pissenlit abolie les frontières entre musiques actuelles et musiques classiques, dont les motivations réciproques se confondent dans la simple recherche d’un plaisir esthétique partagé.

Il y a, au Botswana, un trou si profond qu’on n’entend jamais la chute finale des pierres qu’on y lance. Au fond vivaient les premiers hommes et les premiers animaux. Ils manquaient de place et finirent par se quereller. Les animaux sortirent en premier, poussés par les hommes, qui se querellèrent aussi et sortirent finalement. Dans la grotte ils étaient immortels et n’avaient pas besoin de nourriture. Une fois dehors, devenus mortels, ils eurent faim et se dispersèrent de plus en plus loin à la recherche de nourriture.

(Mythe d’émergence primordiale-San du Kalahari)

Le RICERCAR est une pièce instrumentale savante basée sur le principe de l’imitation, une forme ancienne du contrepoint. Les voix s’amusent à se répondre, parfois en canon. Ce mot, que l’on peut traduire de l’italien par « rechercher », porte en lui le germe du désir d’explorer, de l’envie de découvrir et de rencontrer. Il est l’une des sources à laquelle les artistes vont puiser l’inspiration pour orchestrer ce cabaret.

Chaque tableau est pensé comme une terre de jeu à parcourir avec curiosité. Dans cette aventure, la Compagnie du Pissenlit se fait nomade et dresse un pont entre les cultures. Une arche du haut de laquelle on aperçoit les rives du fleuve sur lequel navigue l’humanité. Elle recherche ce territoire à même de satisfaire sa curiosité et ses besoins.  

Les arrangements réalisés à partir d’enregistrements ethnomusicologiques des années 70, permettent aux musiciens d’accéder aux traditions orales des peuples San du désert du Kalahari. Pourquoi s’intéresser à ces peuples chasseurs-cueilleurs en particulier ? Parce qu’ils préservent, dans leur patrimoine génétique, la mémoire des plus anciennes lignées de l’humanité ; les études ADN récentes suggèrent que les San sont l’une des premières populations à se différencier du dernier ancêtre commun à tous les humains. Le mythe d’émergence primordiale qu’ils se racontent encore aujourd’hui se glisse naturellement dans les bagages des musiciens pour participer à la poésie du concert.

Sur le chemin, NORIG guide la troupe dans une relecture du répertoire des Tziganes d’Europe de l’Est. Les chants des nomades ont imprégné les musiques classiques occidentales. Ils ont fasciné les compositeurs. La culture et le mode de vie tziganes ayant alimenté les fantasmes, leurs histoires ont circulé au fil des siècles sur toutes les tables des cabarets d’Europe.

Au cœur du paysage, Bach et sa musique, en humble offrande au monde. Il nous donne à entendre l’écho d’une manière savante de jouer avec les sons. Elle est intemporelle. Elle est la perfection d’un langage. Elle s’avance au-devant des autres, et nous transmet les qualités nécessaires à l’écoute de la variété des cultures.

Enfin, les créations contemporaines de Clovis Labarrière viennent mettre en résonance toutes ces façons particulières de chanter le monde et sert de terreau à un dialogue imaginaire qui s’installe entre les tables de ce cabaret nomade.

La Compagnie du Pissenlit invite à tendre l’oreille par l’intermédiaire d’un dialogue poétique entre les musiques dites « savantes » des sociétés modernes occidentales, et les musiques dites « du monde » des peuples nomades. Les artistes interprètent autant le répertoire baroque, que les chants San qui n’ont d’autre fonction sociale particulière que le plaisir de vocaliser ensemble. Et si, à l’instar de ces chants du désert, derrière les énigmes, complexes et mystérieuses de « l’Offrande musicale » de J.S. Bach, ne se cachaient que les douces nécessités de composer des mondes, et de les explorer en s’amusant et en s’émerveillant ?

Pour les accompagner dans ce nomadisme musical, les musiciens convient sur scène un étonnant médiateur : le Blob ; cet extraordinaire organisme unicellulaire qui bouscule toutes nos certitudes sur le vivant. Par l’intermédiaire d’une scénographie vidéo, la scène se transforme en un espace propice au dialogue. Les images montrent les pérégrinations du Blob à travers les œuvres plastiques de Cédric Lebonnois, « Les Symbioses sauvages ». On le voit se lancer dans les tableaux en quête de nourriture, en déployant motifs et arabesques spectaculaires dans un environnement coloré créée par l’artiste. La vidéo forme un écrin de lumière, et installe sur le plateau l’intimité et les conditions favorables à la rencontre et au partage. La « Symbiose sauvage » donne alors à voir sur la scène la métaphore du mythe de l’émergence primordiale ayant servi à introduire ce concert.

Les pièces du programme ne sont pas jouées dans un ordre conventionnel, propre au concert, mais agencées librement pour former des tableaux variés, dans l’esprit d’un cabaret où peuvent dialoguer musique classique, création contemporaine, et musique du monde. La forme du cabaret, où se succèdent librement les tableaux, permet de lever les appréhensions qu’un public non initié aux musiques dites savantes pourrait nourrir. Elle permet également de proposer un spectacle flexible et adaptable à des lieux variés, salle de spectacle ou tiers-lieux. Le programme et le format de ce concert permettent ainsi d’aller à la rencontre de tous les publics.

LES ARTISTES

Emmanuel CHRISTIEN, piano

Miron ANDRES, viole de gambe

NORIG, chant

Clovis LABARRIÈRE, composition

Cédric LEBONNOIS, direction artistique, alto, vidéo

LA COMPAGNIE DU PISSENLIT

La Compagnie du Pissenlit enracine ses créations dans l’univers poétique de Cédric Lebonnois. Elle propose des concerts hybrides et transdisciplinaires conçus librement pour permettre aux publics d’accéder à des répertoires allant de la musique baroque à la création contemporaine, en passant par les musiques du monde des peuples nomades.

« Le pissenlit prend place sans qu’aucune invitation ne lui soit adressée. Il s’installe poliment. Répand sa bonne humeur. Il est soleil, lune et étoile à la fois. Se passe volontiers de pollinisateur ; se clone et s’auto-féconde. C’est un organisme vivant passé maître dans l’art de la variation. Il est libre, sauvage. Il affleure les rives du monde de demain. »

LE BLOB et LES SYMBIOSES SAUVAGES

Cédric Lebonnois a choisi comme matériaux d’expression l’eau, le verre, l’agar-agar et le Blob : Physarum polycephalum, cet organisme unicellulaire étonnant. Il fait de ce dernier un véritable partenaire dans l’élaboration de ses œuvres. L’artiste joue avec la transformation de la matière, l’évaporation, et s’appuie sur la propriété physiologique extraordinaire du Blob de pouvoir se mettre en dormance lorsque les conditions de vie ne sont plus réunies. Le Blob parcourt l’œuvre et finit par faire symbiose avec l’artiste, en « s’endormant » littéralement dans le tableau. Une Symbiose sauvage ! La performance s’étale sur plusieurs jours pendant lesquels l’artiste photographie toutes les étapes du processus de réalisation. Parmi les milliers de clichés capturés, quelques-uns sont sélectionnés pour faire l’objet d’un tirage d’Art. Les photos entrent alors en résonance avec le tableau achevé. Les photos sont également assemblées pour former les Timelapse, vidéos diffusées sur scène. Cédric Lebonnois inscrit volontiers son travail dans le mouvement de la Renaissance sauvage.

BIOGRAPHIES

CÉDRIC LEBONNOIS

Cédric Lebonnois est diplômé de la Guildhall School of Music and Drama de Londres. Il participe dès 2003 aux concerts de l’Orchestre de Paris avant d’intégrer, en 2007, l’Ensemble Matheus, sous la direction de Jean-Christophe Spinosi. Il se produit dès lors sur les plus grandes scènes internationales : Festival de Salzbourg, Carnegie hall de New York, Royal Albert Hall de Londres, Paris, Séoul ; enregistre chez Naïve, Deutsche Grammophon ou ORF, et en 2018 chez DECCA pour le dernier disque « Vivaldi » de Cecilia Bartoli. À partir de 2016 il est alto solo de l’Orchestre de Douai avec lequel il enregistre régulièrement sous la direction de Jean-Jacques Kantorow.

En 2019, il reçoit pour sa création « LACRIMAE/Dans une larme un reflet » les soutiens de la Région Centre-Val de Loire, la DRAC Centre-Val de Loire, l’ADAMI, la SACEM, l’Institut français, la Fondation Casa de Mateus, l’Abbaye de Noirlac, et fonde en 2022 « La Compagnie du Pissenlit ». Musicien, auteur, il est également plasticien, et développe en 2022 « Les Symbioses sauvages », œuvres réalisées en partenariat avec le Blob.

CLOVIS LABARRIÈRE

Clovis Labarrière étudie au CNSMD de Paris avec Thierry Escaich et Marc-André Dalbavie où il obtient un Master d’Ecriture et 5 prix en Harmonie, Contrepoint, Fugue et formes, Polyphonie renaissance, Ecriture XXe-XXIe siècles. Il obtient par ailleurs son prix de composition au CRR d’Aubervilliers – La Courneuve dans la classe de Martin Matalon.

Ses pièces ont été créées au Petit Palais, au Théâtre de la Commune, Théâtre 71, Théâtre du Châtelet et diffusées sur ABC Radio, BBC Radio 3, France Musique, France Culture, France 2 et Canal +. Il est lauréat 2012 Fonds SACD Musique de scène. Il est co-auteur de l’ouvrage Gilles Deleuze La Pensée-Musique aux éditions du CDMC.

En 2022 il est en résidence à l’Abbaye de Noirlac et à la Fondation Casa de Mateus, et reçoit l’Aide à l’écriture du Ministère de la Culture pour la création « LACRIMAE/Dans une larme ; un reflet » de Cédric Lebonnois.

Il est professeur aux Conservatoires de Malakoff et du 5ème arrondissement de Paris.

EMMANUEL CHRISTIEN

Emmanuel Christien est diplômé du CNSMD de Paris en piano, musique de chambre et accompagnement vocal. Lauréat de la Fondation Alfred Rheinold, il est également primé dans plusieurs concours internationaux comme Casagrande et Perlemuter, aux concours Schubert à Graz et Zinetti en Italie avec le Trio Gallien. Il se produit dans de nombreux festivals prestigieux : Festival de Saint-Denis, Folle journée de Nantes, La Roque d’Anthéron, Radio-France Montpellier ; et joue en concerto avec l’Orchestre de Caen, l’Orchestre national de Montpellier, l’Orchestre de Paris.

Il enregistre chez Arties Records les Fantasiestücke de Robert Schumann, et chez Warner Classics les concertos de Bach pour deux, trois et quatre pianos.

MIRON ANDRES

Miron Andres est lauréat du Förderpreis für Alte Musik Saarbrücken 2012, avant d’obtenir le premier prix du concours EAR-ly à Vantaa (Finlande) 2016. En 2019, il remporte le Concours international de musique ancienne Van Wassenaer à Utrecht, avec le duo Contactus. La même année paraît « Affect is no Crime » chez Arcana, disque largement salué par la critique.

Il se consacre à la musique contemporaine écrite pour la viole dans le cadre de collaborations interdisciplinaires. Il collabore notamment avec le compositeur et artiste sonore Dionysios Papanicolaou et l’artiste visuel Mohsin Shafi.

En 2022 Miron Andres sort son premier album solo, « From Nowhere to Nowhere » chez le label Albus.

NORIG

Norig est actuellement l’une des voix marquante de la scène musicale world et plus particulièrement des Balkans. Ses rencontres avec les musiciens roumains et tziganes fait naître trois albums dont « Gadji » remarquée par la critique et le public. Plus tard elle écrit « Ionela » en français, album aux accents poétiques et vagabonds. Tony Gatlif, charmé par son timbre, l’invite sur la B.0 de son film « Exils », elle est aussi à l’affiche de « Indignados » et participe à la grande tournée du Spectacle « Django Drom », hommage à Django Reinhardt aux côtés de Didier Lockwood.

Son troisième album, « Norig & No Gypsy Orchestra », sort en 2020.

Crédits photos : Karine Eneau